Les ressources nationales publiques et privées, complétées par l’aide des donateurs, sont les principales voies d’accès au financement durable de la recherche sur le système alimentaire africain, a déclaré un forum virtuel d’envergure africaine organisé par l’Union Africaine.
Le jeudi 2 juillet 2020, le Bureau de recherche et développement sur les céréales vivrières en zone semi-arides (SAFGRAD) de l’Union Africaine a réuni près de 175 acteurs du développement lors d’une conférence en ligne pour discuter des mécanismes innovants de financement de la recherche en Afrique.
Le CORAF a participé à l’événement en partageant une expérience et une approche régionales éprouvées en matière de financement de la recherche. Dans le cadre de la mise en œuvre de la politique agricole de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest, le CORAF a dirigé la mise en œuvre régionale du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO). Il a mis en place une approche innovante de collaboration et d’intégration régionales par la recherche. Beaucoup ont salué sa dimension de régionaliste et le considèrent désormais comme un modèle pour le déploiement d’interventions futures d’envergure régionale.
” Si nos problèmes ne s’arrêtent pas aux frontières, alors nos solutions ne devraient pas aussi s’arrêter là”, a déclaré le Dr Abdou Tenkouano, Directeur Exécutif du CORAF, lors de l’événement en ligne.
S’appuyer sur les ressources endogènes de l’Afrique pour la recherche ?
“Vous ne pouvez pas construire votre maison en vous basant sur la cuisine de votre voisin”, a fait savoir le Dr Yemi Akinbamijo, Directeur Exécutif du Forum pour la Recherche Agricole en Afrique (FARA). Le FARA est un partenaire technique de l’Union Africaine. Il a pour mission de coordonner et de défendre la recherche sur les systèmes alimentaires en Afrique.
Il existe actuellement un déséquilibre dans le financement de la recherche agricole en Afrique. Des données récentes montrent que les activités de recherche et de développement (R&D) en Afrique sont principalement motivées par les bailleurs.
En référence à la dépendance actuelle vis-à-vis des donateurs, le Dr Yemi a appelé les acteurs de la R&D à donner la priorité aux alternatives nationales et à ne pas dépendre entièrement du financement des bailleurs.
L’Union Africaine a mandaté ses pays membres pour qu’ils consacrent un pour cent de leur produit intérieur brut à la recherche et au développement. En pratique, c’est loin d’être la réalité. La conférence de l’Union Africaine a été conçue pour permettre aux acteurs de réfléchir à des approches innovantes et de proposer des recommandations aux décideurs.
Le financement international toujours pertinent
Si les acteurs ont reconnu la centralité du financement national public et privé pour la transformation du système alimentaire, ils ont également reconnu qu’il doit encore être complété par le financement des donateurs.
“Nous devons compter sur les systèmes nationaux, mais nous devons aussi nous appuyer sur des partenaires régionaux et internationaux pour financer la recherche. Aucun pays ne peut gérer seul tous ses besoins en matière de recherche agricole”, a déclaré le Dr Hamidou Tamboura, Directeur Général du FONRID – un organisme public du Burkina Faso dédié au financement des projets de recherche et d’innovation.
Le Directeur du FONRID a déclaré que les modèles endogènes actuels de financement de la recherche fonctionnent. Il a déclaré que les pays devraient continuellement trouver des moyens novateurs d’engager le secteur privé, en particulier ceux des mines, du pétrole, du gaz et d’autres produits de base importants, à générer des fonds pour la recherche sur les systèmes alimentaires.
Par exemple, la Côte d’Ivoire finance sa recherche principalement par le biais d’un arrangement fiscal innovant à travers le Fonds Interprofessionnel pour la Recherche et le Conseil Agricoles (FIRCA). Les participants se sont félicités de ces méthodes nationales créatives. Ils ont appelé non seulement à sa réplication, mais aussi à une compilation de ces modèles.
Une approche de partenariat et d’optimisation du financement international
Parmi les nombreuses organisations représentées à la rencontre, figurait l’Union européenne (UE). L’UE investit actuellement plus de 200 millions d’euros dans la recherche et le développement en Afrique.
Lors de la conférence en ligne, l’UE était représentée par Christophe Larose, responsable du Secteur de l’Agriculture Durable.
“Il existe toujours un déséquilibre en termes de financement externe de la recherche en Afrique. Il faut que cela diminue”, a déclaré le fonctionnaire de l’UE.
Cependant, Christophe a déclaré que ce qui compte, c’est la manière dont l’utilisation des investissements étrangers en Afrique est optimisée.
“La question est de savoir comment optimiser l’utilisation du financement extérieur. Comment utiliser les fonds extérieurs pour créer un impact ?”
La forme actuelle du soutien de l’Union européenne à la recherche agricole en Afrique vise à la fois à renforcer les capacités et la gouvernance. Ce faisant, l’UE cherche à promouvoir les partenariats multi-acteurs afin d’adapter le programme de recherche aux besoins locaux.
Il a fait l’éloge des modèles de financement nationaux et régionaux existants, faisant valoir que “les solutions durables viendront du continent”.
Au niveau international, le fonctionnaire de l’UE a appelé les pays africains à être proactifs dans l’élaboration de l’agenda mondial de la recherche par le biais du système CGIAR. Et au niveau régional, il a salué les approches de financement de la recherche qui favorisent la mise en commun des ressources, réduisant ainsi les doublons et le gaspillage.
Qu’est-ce que SAFGRAD ?
Le rôle de SAFGRAD est de mener des activités sur la résilience des moyens de subsistance ruraux en Afrique semi-aride. Sa vision est d’accélérer la croissance de l’agriculture en promouvant des technologies favorables à la production et en renforçant les capacités institutionnelles. Il se concentre sur la recherche agricole, le transfert des technologies, la commercialisation, l’amélioration des chaînes de valeur, la gestion des ressources naturelles, l’atténuation et l’adaptation au changement climatique, la lutte contre la désertification, l’élaboration de politiques et la diffusion d’informations aux communautés rurales.
L’événement en ligne était présidé par Josefa Leonel Correia Sacko, Commissaire à l’Economie Rurale et à l’Agriculture de la Commission de l’Union Africaine et modéré par le Dr Ahmed Elmekass, Coordinateur de l’UA SAFGRAD.
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