Le plus difficile pour les acteurs de la chaîne de valeur agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, ce n’est pas tant la disponibilité d’innovations et de technologies agricoles éprouvées. Il s’agit plutôt de leur disponibilité à temps réel, à grande échelle et à moindre coûts auprès des agriculteurs.
Cela explique peut-être le recours à une nouvelle approche plus collaborative pour fournir aux agriculteurs d’Afrique de l’Ouest, les connaissances, les semences et les technologies nécessaires à l’augmentation de la production agricole.
Un » nouveau » financement quinquennal de la Mission régionale pour l’Afrique de l’Ouest de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) permet au Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles (CORAF) de nouer des partenariats essentiels entre les principaux acteurs du secteur agricole, pour fournir à temps réel et à grande échelle, des intrants agricoles et des technologies pertinentes, aux agriculteurs.
Ce consortium est composé des principaux acteurs, gouvernementaux, locaux, nationaux et régionaux, des donateurs, institutions de recherche, organisations de la société civile et des acteurs économiques de l’industrie des intrants agricoles, de la région.
« Nos laboratoires et nos scientifiques ont produit des résultats de recherche de pointe, notamment des variétés et des technologies résistantes à la sécheresse et sensibles au climat. Ces innovations sont d’ores et déjà disponibles. Malheureusement, elles ne sont pas toujours accessibles aux utilisateurs finaux que sont les agriculteurs et les producteurs « , regrette le Dr Abdulai Jalloh, Directeur de la Recherche et de l’Innovation au CORAF.
Le nouveau programme, connu sous le nom de Partenariat pour la Recherche, l’Education et le Développement Agricoles (PAIRED), vise à rechercher des approches synergiques et mutuelles pour fournir aux agriculteurs les connaissances essentielles.
« Vous vous demandez sans doute pourquoi, avec toutes les innovations disponibles, nous n’avons pas réussi à atteindre un niveau d’adoption qui nous permette de transformer considérablement l’agriculture en Afrique de l’Ouest ? Notre analyse nous indique que ce n’est que lorsque vous respectez le principe de subsidiarité tout en travaillant ensemble, que vous obtenez des résultats à l’échelle. Et c’est le but du PAIRED « , a ajouté le Dr Jalloh.
Qui sont les acteurs ?
L’écosystème de la recherche et du développement agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre est constitué de nombreux acteurs. Il s’agit notamment de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, (CEDEAO) de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, (UEMOA), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). Il comprend également des partenaires scientifiques tels que l’IITA, AfricaRice, l’ICRISAT, l’IFDC, le FARA, les institutions nationales de recherche agricole, le secteur privé tel que l’AFSTA, le ROPPA, le Hub Rural, et des entreprises multinationales, des partenaires financiers et techniques tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l’USAID.
« La coordination des efforts de ces organisations est essentielle pour obtenir les résultats de développement escomptés pour les agriculteurs « , explique le Dr Hippolyte Affognon, qui a été chargé de la mise en œuvre du PAIRED en Afrique de l’Ouest.
« La diminution des ressources de développement signifie que nous devons rechercher des approches efficaces et efficientes pour produire un impact à l’échelle. Nous croyons que l’approche de mutualisation des efforts du PAIRED sera utile à cet égard « , affirme le gestionnaire du projet PAIRED.
L’accord de coopération quinquennal entre l’USAID et le CORAF s’élève à 15 millions USD. Une part importante de l’investissement est destinée à renforcer le CORAF pour mieux jouer son rôle. Les deux autres composantes comprennent :
- Mise à l’échelle des technologies ;
- Accroître l’accès des producteurs à des intrants agricoles de qualité.
« La force du PAIRED ne réside pas dans les ressources financières qu’elle apporte à la région. C’est plutôt la capacité d’amener les partenaires à travailler ensemble pour le bien commun des agriculteurs « , ajoute le Dr Affognon.
Dans le cadre de ses activités de renforcement de ses partenaires, les protagonistes du PAIRED se réunissent dans la capitale sénégalaise du 9 au 11 avril 2019, dans le but global de faciliter la collaboration entre les acteurs clés.