L’industrie semencière ouest-africaine prospère

Les entreprises semencières ouest-africaines prospèrent grâce à l’harmonisation des réglementations, ont reconnu les acteurs du secteur lors d’une rencontre régionale qui vient de se terminer à Abuja, au Nigeria.

Les gouvernements, les acteurs du développement et de la recherche ont travaillé ensemble au cours de la dernière décennie pour mettre en œuvre une politique qui permettrait la libre circulation des semences en Afrique de l’Ouest. Financé par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et mis en œuvre par le CORAF au nom de trois organismes intergouvernementaux, ces efforts semblent commencer à porter leurs fruits.

« L’harmonisation de la réglementation a facilité les échanges commerciaux entre les différents pays de la région pour mon entreprise », explique Karim Traore, Responsable de la réglementation des semences chez Bayer Crop Science/Monsanto Burkina Sarl. Cette société est présente dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest.

L’élimination des obstacles à la libre circulation transfrontalière des semences est l’un des principes fondamentaux de cette politique.

« Avoir accès à un marché régional des semences avec moins d’obstacles au commerce des semences contribue à la croissance des entreprises semencières « , déclare le Dr Mohammed Umar, Secrétaire Permanent du Ministre de l’agriculture et du développement rural au Nigeria.

Selon ce responsable du gouvernement nigérian, de petites entreprises semencières émergent et fournissent des semences de qualité aux agriculteurs du Nigeria et d’autres pays d’Afrique de l’Ouest. Le Nigeria représente 60 pour cent du total des semences commercialisées en Afrique de l’Ouest.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) ont chargé le CORAF de faciliter l’adoption de cette politique en Afrique de l’Ouest.

« Ce n’est qu’avec la participation du secteur privé que l’on pourra produire le volume de semences nécessaire pour répondre à la forte demande », explique le Dr Abdulai Jalloh, Directeur de la recherche et de l’innovation du CORAF.

La CEDEAO fait partie des organismes intergouvernementaux qui s’intéressent à la libre circulation des semences. En tant qu’outil économique régional au service de l’intégration régionale, l’objectif de la CEDEAO est de faire de sa politique de libre circulation des personnes et des services en Afrique de l’Ouest une réalité.

« Si un chercheur découvre une variété de semences dans une zone écologique quelconque, cette variété, si elle est homologuée dans un État membre, peut être multipliée et vendue dans un autre. C’est donc un mécanisme qui apporte tous les avantages de travailler ensemble dans la même communauté « , a déclaré M. Sekou Sangare, Commissaire à l’Agriculture, l’Environnement et Ressources en Eau de la CEDEAO.

Photo de famille des participants à la rencontre d’Abuja

 

Quel est le contexte ?

Pour une mise en œuvre efficace de la réglementation semencière, les acteurs ont mis en place un comité connu sous le nom de Comité régional des semences et plants de l’Afrique de l’Ouest (CRSPAO). L’organe se réunit une fois par an pour faire le point sur les progrès accomplis en vue de prendre les mesures ou actions correctives appropriées.

Sa cinquième réunion a eu lieu du 16 au 18 octobre 2019. C’est généralement l’occasion pour tous les acteurs des gouvernements, du secteur privé, des donateurs et des institutions de recherche d’examiner l’état d’avancement des travaux.

« J’ai noté l’engagement de toutes les parties prenantes à relever les défis qui existent dans le secteur des intrants et en particulier dans le secteur des semences. Il est très indispensable de donner une place importante au secteur privé dans ce processus parce que ce sont eux qui nous mettront au défi et ils sont les premiers bénéficiaires de cette réglementation « , a déclaré M. Abdrahamane Dicko, Conseiller en programmes et politiques, Bureau régional pour la croissance économique à la Mission régionale de l’Afrique de l’Ouest de l’USAID.

Une soixantaine d’acteurs de dix-sept pays ont participé à l’événement d’Abuja.

Vers une mise en œuvre intégrale

S’il existe un consensus sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de cette politique, les États membres conviennent que des questions telles que l’enregistrement de nouvelles variétés de semences, le transfert effectif de certaines prérogatives au secteur privé, les défis du commerce régional des semences entre les pays d’Afrique occidentale doivent être traitées afin de rendre les semences de qualité facilement accessibles aux agriculteurs dans la sous-région.

Lors d’une récente réunion tenue au Nigéria, les acteurs ont pris des mesures pour s’assurer que ces questions soient traitées aux niveaux national et régional. Plus précisément, la réunion d’Abuja a recommandé ce qui suit :

  • Renforcer la mobilisation des décideurs pour soutenir les pays et la sous-région dans la mise en œuvre intégrale de la réglementation régionale ;
  • Mobiliser des fonds pour la mise en œuvre des activités dans chaque pays ;
  • Renforcer la capacité des États membres à mieux intégrer toutes les dispositions de la réglementation harmonisée ;
  • Renforcer la communication autour du règlement afin qu’il soit bien diffusé et permette aux parties prenantes de disposer des informations nécessaires à sa mise en œuvre ;
  • Renforcer la collaboration avec d’autres organisations travaillant dans le secteur des semences ;
  • Renforcer l’engagement du secteur privé dans l’industrie semencière ;
  • Développer ou établir des laboratoires de référence pour le contrôle et la certification de la qualité des semences et encourager les États membres à être accrédités selon les normes OCDE et ISTA.

« Plusieurs pays sont déjà bien avancés dans la mise en œuvre de la réglementation harmonisée des semences, mais nous avons encore quelques pays qui sont à la traîne. Nous devons les soutenir un peu plus pour qu’ils puissent rattraper les autres et être au même niveau de mise en œuvre de la réglementation « , a fait remarquer le Dr Hippolyte Affognon, Coordonnateur du Partenariat pour la recherche, l’éducation et le développement agricoles (PAIRED), un programme financé par USAID chargé de promouvoir la mise en œuvre de la réglementation harmonisée.

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