Il y a six ans, les populations de la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone ont été gravement touchées par une épidémie d’hémorragie à virus Ebola sans précédent. Au total, plus de 11 000 personnes sont mortes dans les pays touchés.
Comme pour le COVID-19, les communautés touchées ont dû faire face non seulement à un problème de santé, mais aussi à une éventuelle crise de la faim.
Mais grâce à des actions rapides menées au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Economique et Monétaire Ouest-africaine (UEMOA), et avec l’appui de bailleurs de fonds (Banque, Mondiale, USAID, UE, le Canada, etc, le CORAF et ses partenaires gouvernementaux et du secteur privé ont apporté une aide opportune aux communautés touchées par la mobilisation des semences au niveau régional en appui aux pays affectés, mais également par l’assistance de ses pays à reconstruire les systèmes semenciers.
Ainsi, Les semences de niébé du Niger ont été livrées aux communautés touchées au Liberia. Du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali et du Nigeria, des semences de riz ont été acheminées en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. La réaction rapide du Ghana et du Sénégal a permis d’assurer la fourniture de semences de maïs aux agriculteurs et aux producteurs du Liberia et de la Sierra Leone. Des camions chargés de semences ont parcouru des milliers de kilomètres pour être livrés aux communautés affectées.
Au total, environ 4 500 tonnes de semences certifiées ont été mobilisées pour aider les communautés touchées à produire du riz pour l’alimentation en 2015. En outre, 8 500 semences certifiées ont permis de soulager les agriculteurs et les ménages pendant la campagne agricole de 2016.
S’appuyant sur ses antécédents et sa vaste expérience dans la conduite d’interventions de dimension régionale, le CORAF a réussi à assurer la coordination et la facilitation nécessaires. En travaillant avec le secteur privé, les donateurs et les décideurs de plusieurs pays, le CORAF a considérablement contribué à prévenir la crise alimentaire prévue.
Dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest, il y a rarement eu une telle démonstration de solidarité. Pour la CEDEAO et l’UEMOA, c’était un parfait témoignage de sa vision pour promouvoir l’intégration régionale et la collaboration intersectorielle afin de relever les défis à l’échelle régionale.
Une approche similaire est-elle nécessaire pour répondre à une éventuelle “crise de la faim induite par COVID-19” ?
Si le COVID-19 persiste encore jusqu’en début de l’hivernage prochain, ces effets sur le système alimentaire et les économies des pays d’Afrique de l’Ouest dépasseront de loin ceux de l’épidémie d’Ebola en termes de taille et d’ampleur.
Selon le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA), une initiative du Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, plus de 15 millions de personnes seront touchées par la situation alimentaire difficile en Afrique de l’Ouest, au Sahel et au Cameroun Ce chiffre pourrait, dans un contexte sans COVID-19, dépasser 17 millions de personnes au cours de la période juin-août 2020, selon les données du RPCA. “La crise provoquée par la pandémie de coronavirus plonge l’économie mondiale dans des profondeurs inconnues depuis la Seconde Guerre mondiale. La pandémie de COVID-19 a touché presque tous les pays africains et semble devoir s’aggraver de façon spectaculaire”, selon un récent rapport de l’Union Africaine sur les effets du COVID-19 sur les économies africaines.
Le Programme Alimentaire Mondial met en garde contre des famines à l’échelle biblique si des mesures urgentes ne sont pas prises.
L’Afrique de l’Ouest réagit à temps
Conscients des effets dévastateurs sur les systèmes alimentaires et nutritionnels ouest-africains, les Ministres de l’Agriculture et de l’Alimentation de l’Afrique de l’Ouest se sont réunis le 31 mars 2020, sous la direction de la CEDEAO, afin de prendre des mesures concrètes pour enrayer les effets sur la prochaine saison agricole.
Au cours de cette réunion, le Commissaire de la CEDEAO Chargé de l’Agriculture, de l’Environnement et des Ressources en Eau a mis en avant le modèle de 2016 pour fournir les principaux intrants agricoles à ceux qui en ont besoin.
L’approche du CORAF en matière de livraison aux communautés touchées par le virus Ebola a été présentée comme un modèle pour gérer la livraison de semences en cas de crise.
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