Il va y avoir une pénurie de semences certifiées de maïs, de sorgho, de mil, de niébé et d’arachide pour la campagne agricole 2020, selon les prévisions des Comités nationaux des semences des États membres de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et du Comité Inter-État de Lutte Contre la Sécheresse au Sahel (CILSS).
La pénurie la plus aiguë est enregistrée pour le niébé. La demande de niébé dans huit pays (Mali, Nigéria, Niger, Togo, Côte d’Ivoire, Tchad, Cap Vert, Gambie) est estimée à 150 000 tonnes. Mais seulement environ 2 800 tonnes sont disponibles pour la campagne agricole 2020.
Quant à l’arachide, un aliment de base important pour les communautés de la région du Sahel de l’Afrique de l’Ouest, moins de 5 000 tonnes de semences certifiées sont disponibles par rapport à un besoin d’environ 250 000 tonnes.
Pour les agriculteurs qui dépendent du niébé et de l’arachide pour leur subsistance, cela n’augure pas d’un avenir brillant, déclare le Dr Hippolyte Affognon, Gestionnaire du Partenariat pour la recherche, l’éducation et le développement agricoles (PAIRED), un projet financé par l’USAID qui travaille sur l’accès aux semences de qualité pour les petits exploitants en Afrique de l’Ouest.
Quelle est la situation des autres cultures de base ?
Selon les données disponibles, moins de 10 000 tonnes de semences certifiées de sorgho et de mil sont produites en 2020, alors que la demande est d’environ 100 000 tonnes. Cela correspond à une disponibilité d’environ 10 % seulement.
Quant au maïs, environ 70 000 tonnes sont disponibles contre un besoin de près de 200 000 tonnes.
Point positif
Le seul point positif se trouve dans le secteur du riz, où plus de 350 000 tonnes sont disponibles pour un besoin d’environ 225 000 tonnes.
Les données ont été collectées dans les 12 pays suivants : Benin, Mali, Niger, Nigeria, Togo, Cote d’Ivoire, le Tchad, la Guinée, le Gambie, le Ghana, le Sénégal et Cap Vert.
La propagation du COVID-19 en Afrique de l’Ouest et au Sahel, et les mesures de barrières sociales pour contenir la pandémie et sa propagation, pourront affecter la campagne agricole 2020/2021 notamment l’approvisionnement à temps des producteurs des semences certifiées si certaines mesures ne sont pas prises par leurs gouvernement et les partenaires au développement.
Le CORAF est en liaison avec les systèmes nationaux de semences pour collecter, traiter et diffuser des informations essentielles sur les besoins en semences de la région, les stocks disponibles et les endroits où ils peuvent être trouvés et cela pour faciliter les prises de décisions politiques et économiques qui affecteront le secteur.
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Ces informations devraient aider les pays à prendre des décisions cruciales pour permettre aux producteurs et aux agriculteurs d’avoir accès aux intrants de qualité essentiels à la réussite de leur saison agricole 2020.
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Dans la plupart des régions d’Afrique subsaharienne, les agriculteurs et les producteurs ne dépendent pas nécessairement des semences certifiées.
Les systèmes informels de semences, qui impliquent les semences conservées par les agriculteurs et la production et les échanges de semences non supervisés par les services officiels, jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement des producteurs. Les quantités de semences fournies par les réseaux informels sont estimées à environ 70 %. Ce chiffre peut varier d’une culture à l’autre et d’un pays à l’autre.
Les quantités disponibles de semences certifiées proviennent des systèmes nationaux officiels de contrôle et de certification de semences. Toutefois, les quantités de semences certifiées nécessaires sont estimées en fonction de la superficie cultivée, du taux de remplacement des semences et des tendances des couvertures des besoins de chaque pays.
Le CORAF a recommandé qu’un effort concerté soit fait pour assurer la disponibilité et l’accès aux semences certifiées des principales cultures vivrières de base surtout par les petits producteurs et les populations vulnérables dans la région de la CEDEAO et du CILSS afin d’éviter les conséquences imminentes des effets négatifs de la pandémie du COVID-19 sur la production agricole.