Nigeria : 5,2 millions d’alevins et l’histoire se poursuit !

Lorsque j’étais jeune au Nigeria, dans les années 80 et 90, l’agriculture occupait déjà une place centrale dans ma vie. Enfant, j’ai acquis l’expérience de la vie agricole avec mon père qui était vétérinaire. Ma mère, une enseignante, m’envoyait à l’école tous les jours avec ces mots : « Vas-y et sois le meilleur parmi tes pairs ! » Telle est la devise sur la base de laquelle j’essaye de vivre.

 

En tant qu’étudiant en aquaculture à l’Université fédérale d’agriculture d’Abeokuta, j’ai découvert un grand fossé dans l’industrie de la pêche : la rareté des semences de poisson dans l’Est et le Nord du Nigeria. J’ai commencé à mener des enquêtes auprès des aquaculteurs des régions touchées pour en apprendre davantage sur le problème. Les résultats ont révélé une opportunité d’affaires. J’ai décidé que je pouvais aider à combler des lacunes en matière de connaissances pour les aquaculteurs et aussi leur fournir des semences de poisson de qualité. J’ai commencé à élaborer des stratégies pour la distribution du poisson.

 

Quand j’étais en 3e année à l’université, j’ai acquis ma propre ferme où j’ai entamé la multiplication de semences de poisson avec seulement deux fûts en bois pour l’élevage des poissons. Actuellement, avec l’appui de la Banque mondiale, mon entreprise, Fish Shoal Nigeria, a une capacité de 5,2 millions d’alevins par année.

 

L’aquaculture a été confrontée à d’innombrables défis. Au cours des premières années, il y avait un manque de fonds, d’infrastructures et d’équipements. Peu de personnes voulaient écouter un jeune agriculteur. Je ne disposais pas de l’équipement approprié pour faire le suivi des paramètres de l’environnement et de l’eau ou d’un laboratoire pour le diagnostic des maladies des poissons pour prévenir les maladies. Il n’y avait pas de politiques d’assurance pour protéger les producteurs d’alevins et pas de structure d’appui du Gouvernement. Beaucoup de mes poissons sont morts à cause d’infestations parasitaires, de maladies et d’un incendie.

 

Heureusement, grâce à ma collaboration avec le PPAAO, j’ai pu acheter des équipements et développer mon entreprise. Le PPAAO est devenu un tremplin pour moi pour atteindre une certaine capacité de production me permettant de produire des alevins de qualité pour les aquaculteurs du Nigeria. Le programme m’a aussi aidé à élaborer une stratégie pour avoir ma chaîne de valeur dans l’aquaculture, en continuant à exceller dans la production de poissons tout en me développant dans la transformation et l’emballage de différents produits à base de poisson.

 

J’ai travaillé durant des années pour bâtir Fish Shoal Nigeria. Le nom « Fish Shoal » signifie un mouvement massif de poissons. C’est le nom d’une entreprise qui porte vraiment son nom.

 

Fish Shoal Nigeria fonctionne sur la base d’une stratégie inclusive de rachat pour impliquer des milliers d’agriculteurs nigérians. Nous produisons et fournissons des stocks de géniteurs de qualité pour nous connecter avec les agriculteurs, offrons de l’appui technique aux agriculteurs qui élèvent le poisson que nous rachetons aux mêmes agriculteurs pour transformation et emballage pour distribution. Cette stratégie fournit des emplois, augmente et améliore la sécurité alimentaire au Nigeria. Un de mes premiers objectifs est de mettre le poisson sur les tables de plus d’Africains à moindres frais.

 

Je suis persuadé que l’Afrique est capable de nourrir le monde et que notre continent est la prochaine frontière pour le développement économique. 8 ans après avoir fondé Fish Shoal Nigeria, je suis en train d’utiliser mes connaissances et mon expérience pour contribuer au changement en Afrique et rendre l’aquaculture accessible pour mes camarades africains.